Construction d’un Solar maya

Récit de Carlos R. Margan à propos du mariage d’un jeune couple:



« Peu de temps avant le mariage, les amis et la famille de l'époux décidèrent de construire une maison. Il fallut attendre l'époque de l'année où l'activité du village était réduite .Alors les parents de l'époux surent qu'ils pourraient réunir un groupe de parents et d'amis qui aideraient à construire la maison du jeune couple. La maison sera située comme le demande la tradition, derrière celle des parents de la fiancée. La construction de la maison se terminera en deux jours. Tôt dans la matinée du premier jour, tous les hommes allèrent à la colline, où se situait le bois; certains coupèrent les quatre poteaux ou "horcones" pour chaque coin de la maison et les poutres troncs qui reposent sur ces derniers, ainsi que la "cumbrera" ou "caballete" (élément horizontal qui forme l'arrête supérieure du toit), et le bois pour les "marcos" (élément oblique de la charpente) du toit à deux pentes. D'autres s'occupèrent de ramener les branches les plus fines pour former l'armature qui reçoit la couverture. Les quatre poteaux furent enfoncés à leur emplacement respectif et dans leur fourche ils placèrent les poutres longitudinales. Au même moment, deux des assistants revinrent de la colline avec deux rouleaux de liane de grosseur adéquate et avec des bandes d'écorce d'arbre. Avec ce matériel ils attachèrent les poutres aux poteaux, les "marcos" aux poutres, et le "caballete" au "marcos". A mesure qu'ils attachaient toutes ces pièces, l'opération qui était destinée aux quatre hommes les plus expérimentés était de placer et de fixer, avec la même liane, les multiples branches de l'armature qui recevait la couverture. Le reste des personnes retournèrent à la colline afin de se procurer avantage de liane et de ramener des feuilles de palme appelée "guano". Le jour s'assombri, à la fin du premier jour de travail, la structure de la maison était terminée, et les grands tas de feuille de "guano" avec leur extrémités recoupées étaient prêtes pour commencer à couvrir la toiture le lendemain matin. Les parois n'avaient pas commencé à être posées ; en effet dans ce type de maison maya, comme dans toutes les habitations populaires, le toit n’est pas soutenu par les parois mais par les quatre poteaux et les poutres fixées longitudinalement à ces derniers. Le jour suivant ils commencèrent à couvrir le toit et ils attachèrent verticalement des branches entre elles avec des lianes pour former les parois et la porte. Ce travail était simple et n’entrainait pas de complications comme celles liées à la construction de fenêtres qui d’ailleurs n'étaient pas nécessaire. Tôt dans la journée la maison était terminée bien avant que soit prêt le repas préparé pour ceux qui avaient participé à sa construction.
C'était une manière très économique de construire une maison. Tous les matériaux étaient fournis par la forêt proche et la main d’œuvre coûtait aux propriétaires le prix de deux repas et l'obligation de faire la même chose pour les personnes qui avaient aidé à construire cette maison. Décidément il n'était pas désagréable de travailler unis pour un bénéfice commun. La nuit suivante la maison reçue le sacre donné par le prêtre local. Il brûla du "copal" (encens à base de résine d'arbre) aux quatre coins de la maison et fit une offrande de "balché" ou liqueur de mais, de viande de dindon et de "tortillas". L'époux, avec l'aide de son beau père, construisit un lit avec de petites "polines" et des "otates" ou "carrizos" coupés et unis les uns aux autres par des lianes adéquates. D'autres objets, variés et indispensables pour conserver des diverses choses, furent aussi rapidement fabriqués avec les mêmes matériaux. Le foyer, formé de trois pierres en triangle, fut le plus facile à faire, mais la table sur laquelle la jeune épouse placera son "metate" devait être faite avec soin, afin qu'elle résiste au poids de la pierre à moudre, elle devait avoir la solidité nécessaire pour supporter le continu et énergique mouvement du va et vient caractéristique du moulage. D’autres type d’objets,comme de grandes marmites pour contenir des liquides et des graines, ainsi que d'autres plus petites destinées à l’usage culinaire : râpes, paniers, balluchons, couvres lit d'écorce et gourde de courge pour l'eau furent fabriqués. Tout était prêt pour que le couple puisse occuper la maison. »

Extrait et traduit du livre Arquitectura vernacula en Mexico, Francisco Javier Lopez Morales, ed. Trilla




Localisation et recensements de la culture maya :

Depuis le XVIe siècle, Indiens et Espagnols, vivant côte à côte en Amérique latine, ont fusionné. Les Maya n'ont cependant pas quitté leurs anciens territoires. Au Guatemala et dans les États Mexicains du Chiapas et du Yucatán, il y avait en 1984 trois millions et demi de citoyens guatémaltèques ou mexicains qui parlaient encore une langue maya, répartis en six sous-groupes : Quiché, Mam, Pokomam, Chol, Maya proprement dit et Tzeltal. Au Mexique, ils étaient 520 000 en 1990 qui parlaient en majorité le yucatèque. Au Guatemala (trois millions sur une population de quatre millions), on enregistre vingt variétés de langue maya parlées par les trois quarts de la population. Les plus répandues sont le quiché, le kakchi .

Description du solar maya :

Ainsi le solar maya se résume à quatre poteaux soutenant deux fermes en triangle qui supportent à leur tour une toiture constituée d'une armature quadrillée où se fixe la couverture en feuille de palme. Les fermes sont espacées en général de 4 à 6 mètres et leur portée varie au alentour de 4 mètres. La longueur totale de la maison n'excède pas les 10mètres. Enfin les parois extérieures, indépendantes le la structures porteuse, sont tressées (à la manière d'un paniers en osier) sur une succession de poteaux. Seule la partie qui encadre la porte est enduit d'un mélange de terre et de végétaux, à la manière d'un lattis. Les maisons les plus rudimentaires sont construites sur terre battue, qui protégée des intempéries se durcie. Dans certain cas est construit un mur de soubassement de 50centimètres d'épaisseur et de 1mètre de haut qui reçoit le mur supérieur, généralement fait en lattis (appelé bajareque) (fig 2.3).


Description constructive :

La structure porteuse et la toiture sont entièrement constituées d'éléments végétaux, récoltés dans les bois environnants. La forme en Y des poteaux et des arbalétriers, appelés "tijeras" (=ciseaux) permet leur assemblage. Le reste de la structure est assemblée à l'aide de lianes (fig 2.4). Aucune utilisation de matériaux autre que ceux fournis par la flore locale. Aucune productions de matériaux, seulement la transformation (taille et coupe) de branches et de feuilles de palme. Il s'agit ici d'une utilisation quasi directe des ressources naturelles par ceux qui construisent la maison.

Usages et transformations :
Avec le temps et selon les revenues des familles le solar maya subit des transformations (fig. 2.5). La première touche les matériaux utilisés. On note ainsi l'abandon des poteaux, substitués par des murs porteurs en adobe et donc l'apparition de fenêtres pour l'aération et l'apport de lumière. Ces modifications relèvent de l'influence européenne, en effet le Solar traditionnel utilise des parois en végétaux tressés qui permettent la ventilation naturelle maintenant l'espace intérieur dans la pénombre. La maison repose alors sur une dalle faite de calcaire et d'une couche épaisse faite d'un mélange de chaux, de sable et de jus de nopal (cactus) appelé "estuco". La deuxième transformation consiste en la concentration des différents usages au sein d'une seule construction. Traditionnellement les dortoirs, la cuisine, les latrines sont reparties dans des constructions distinctes. Dans des exemples récents seules la case à outils et la laverie sont maintenues séparées de l'unité d'habitation. On remarque que le regroupement de ces différentes fonctions se fait à l'arrière de la maison, ainsi est préservée la forme concave et la toiture en feuille de palme en façade. Ainsi le Solar maya reste reconnaissable de la rue, cela révèle l'importance culturelle de cette forme, il s'agit de la persistance d'une esthétique reconnaissable et porteuse d'identité entre les individus.

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